Le Toit |
Le Toit |
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Dommage, pas de photos du toit avant son remplacement, ni de l'extérieur (là ça pouvait encore aller sans y regarder de trop près) ni de l'intérieur (là c'était nettement moins rassurant). A l'extérieur, de nombreuses tuiles étaient cassées, occasionant des fuites d'eau dans le galetas (mot vaudois signifiant grenier), et les chéneaux en étaient à un stade avancé de désintégration, remplis de mousse là où ils étaient encore présents. A l'intérieur, des traces de nombreuses réparations à la poutraison, ainsi que les marques évidentes de plusieurs fuites d'eau. La principale de ces fuites se situait autour de la cheminée principale (il y avait trois cheminées, mais qu'une utilisée). Lors des fortes pluies, l'eau ruisselait le long de la paroi externe de la cheminée, dans le galetas puis dans l'appartement juste en dessous, laissant de très vilaines taches brunes, et même une fois occasionant un court circuit dans une ligne électrique. Un jour, montant au galetas pour y chercher quelque chose, mon attention fut attirée par une lueur anormale, pour constater qu'un groupe de 8 à 10 tuiles etaient tombées à l'intérieur à cause de la pourriture de quelques voliges en raison d'une fuite d'eau due à une tuile cassée. Ceci fut réparé en quelques heures par le remplacement des lattes défectueuses. Puis un jour, l'un des chevrons (poutres obliques supportant les voliges) fut découvert avec une importante cassure en son milieu, menaçant de laisser s'effondre une grande partie du toit. Il était temps de faire quelque chose. Nous ne le savions pas, mais ce toit avait exactement 150 ans! |
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Voici déja quelques vues de l'intérieur du toit lors de son démontage. Voici un petit texte, écrit pendant les travaux qui ont duré près de 8 semaines par Claire. |
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C'est vrai que tu es bien vieille chère maison, mais tu es nôtre et nous t'aimons. C'est pourquoi nous nous sentons bien chez toi, malgré tout. Cependant ta toiture laisse beaucoup à désirer depuis pas mal de temps, tes poutres plus que centenaires montrent de plus en plus des signes flagrants de faiblesse et les tuiles tiennent parcequ'elles le veulent bien! Par temps de pluie, celle-ci sans aucune vergogne se déverse en larges plaques dans le galetas! Ne parlons pas de tes chéneaux, véritables passoires qui arrosent allègrement les passants avec de multiples douches! Après mûres réflexions, maints conciliabules, divers arrangements furent pris, dont je ne te parlerai pas, qu'il te suffise de savoir que tu seras bientôt dignement chapeautée. C'est ainsi que le jeudi 10 juin, un camion apporta une quantité impressionnante de tubes et barres de fer, de planches, d'écrous, tout un chargement qui ressemblait à un gigantesque "mécano". Il fallut bien une douzaine de jours pour monter ferraille et planches tout autour de toi. |
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On t'a même entourée de "gaze" verte pour prévenir la chute de divers "météorites", (soit pierres ou tuiles)...
Puis deux grandes échelles ont été appuyées contre toi, dont une nantie d'un chariot
commandé électriquement, qui grimpait jusqu'au faîte du toit et, où le couvreur
(en l'occurence on devrait dire le "découvreur") entassait les tuiles. Tu seras peut-ètre interressée chère vieille maison, de savoir que les tuiles inutilisables sont allées empierrer un sentier forestier. |
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Grâce à la technique moderne, tu as été dégarnie de tes vieilles tuiles en un temps record! Pour parer une intempestive averse, tu as été recouverte de bâches vertes du plus bel effet...
Hélas! le dimanche 27 juin, une bourrasque s'est levée qui a décroché une de
tes bâches. Comme il tombait une bonne pluie d'orage, mon fils est monté à l'échelle
jusque sur le toit essayer d'attacher la bâche, peine perdue. Ouf! tu l'as échappé belle, sans cela tes jolies bâches s'envolaient dans les airs! Heureusement que l'averse n'a pas duré trop longtemps et que l'imperméabilité a été efficace. |
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Le mardi, les voliges et les lattes ont été démontées et brûlées dans le jardin. En même temps, on te supprimait deux cheminées inutilisées... Je ne te dis pas toute la poussière, les pierres, le vieux ciment, les morceaux de bois qui descendaient... Quand, dans l'après-midi de ce même jour le couvreur est venu me dire: "Je crois bien qu'un malheur est arrivé ! Allez voir dans votre salle de bain"... Quel désastre!!! Un gros bloc de pierre et de ciment s'était détaché, était tombé à l'intérieur de la cheminée, avait cassé le lavabo, fendu la tablette et répandu une masse de terre, déchets de pierre, poussière et vieille suie à travers toute la salle de bain!!! Nettoyage "forcé" dont je me serais bien passé tu peux me croire... Il y a naturellement un nouveau lavabo... Les jours suivants, grâce à un immense camion-grue, tu as été débarassée en quelques heures de ta vieille poutraison et la nouvelle a été déposée dans le galetas. On a dû te donner un sérieux coup de jeune en remontant les murs sur lesquels devaient s'appuyer les nouvelles poutres! C'était nécessaire ma vieille maison, car tu t'effritais lamentablement! Une fois tes belles poutres installées, on y a cloué les voliges, puis des plaques d'isorèle, ce qui fait que ton toit est bien fermé et non plus ouvert à tous les vents comme auparavant! Puis sur ces plaques ont été clouées des quantités de lattes pour recevoir les tuiles! |
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A propos de tuiles, on connaît à peu près ton âge ma vieille maison, car on a trouvé sur une de tes tuiles la signature de celui qui t'a construite, ou tout au moins couverte. Il s'agit d'un certain "Marc Rappaz" et sur une autre tuile "Août 1849". Après 150 ans de bons et loyaux services, il est bien normal qu'on te chapeaute de neuf! Tiendras-tu encore aussi longtemps?... |
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Il a fallut trois jours pour monter les tuiles et les aligner en petits tas sur ton toit et être ainsi à portée de main pour être posées définitivement. Aujourd'hui 9 juillet commence ton habillement, c'est-à-dire qu'on cloue tout autour de toi ce qui devra tenir les chéneaux. Tu verras comme ils sont beaux! Tu auras ma chère vieille maison l'impression d'avoir une ceinture dorée! Ne t'en fait pas, tu seras bientôt prête pour braver les "injures" du temps! Après cinq semaines ton pan de toit du coté rue est terminé et on commence à poser les chéneaux. C'est les passants du coté rue qui vont être contents car tu ne leur déverseras plus sur la tête des douches intempestives... "tombant de tes chênaux pourris et plus percés qu'une passoire!". Ca y est! Les chéneaux sont posés et ils rutilent au soleil! C'est du plus bel effet. Tu seras ainsi en beauté jusqu'à ce que le temps ajoute sa patine! Après cinq semaines, ton premier pan de toit est terminé et on a commençé à démonter l'échafaudage du coté rue. Puis le deuxième pan de toit a suivi... Plus d'échafaudage... Plus d'échelles!... Après sept semaines, voici la fin des travaux!!! Crois-moi, ma chère vieille maison, malgré tes 150 ans, tu as belle allure... Puissions-nous vivre encore longtemps sous ton toit! |
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